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Florian Noack : "Il faut penser le piano comme un orchestre"



radiofrance

Mardi 2 avril 2024


En quelques albums, le pianiste belge s'est fait remarquer pour son art de la transcription. Avec "I Wanna Be Like You", Florian Noack lui consacre tout un album, de Bach à Rimski-Korsakov et jusqu'au Livre de la Jungle. Rencontre avec un magicien du clavier, virtuose et singulier.

 

Avec

 

  • Florian Noack  

 

Pianiste et magicien


Du piano à la magie, il n'y a qu'un pas. Florian Noack en témoigne dans son dernier album "I Wanna Be Like You" paru chez La Dolce Volta. Avec ses transcriptions pour piano, il dynamise Bach, donne de nouvelles couleurs à Prokofiev et paraphrase même quelques valses viennoises. Arrangeur mais aussi prestidigitateur, le pianiste belge a plus d'un tour dans son sac : "Je travaille un peu la magie, j'aime beaucoup ça, mais pour le moment, je suis encore un magicien du dimanche. C'est l'apprenti sorcier plutôt que le grand magicien" plaisante-t-il. Si l'art de la transcription relève aussi de la magie, Florian Noack n'en est plus au stade d'apprenti. Il écrit sa première transcription à l'âge de 16 ans et se révèle une passion pour cette discipline.

 

Métamorphoser le piano


Pour Florian Noack, le piano se prête parfaitement à l'art de la transcription : "C'est un instrument percussif qui nous oblige à penser au-delà. Il faut le penser comme un orchestre, imaginer des choses que le piano a priori ne peut pas faire. Imaginer des notes qui vont crescendo, qui se développent de différentes manières et projeter des choses qui sont au-delà de la nature de l'instrument. Le piano est un instrument de substitution qui invite à être dépassé. Il y a également une frustration, qu'ont tous les pianistes, de ne pas savoir vibrer ou changer la justesse de la note, ne pas pouvoir la soutenir. C'est une frustration terrible, mais comme toutes les frustrations, ça pousse à la créativité." De la frustration naît l'envie de composer, de substituer le clavier aux cordes et de métamorphoser le piano en orchestre. À partir de partitions existantes, Florian Noack réinvente son instrument, comme dans ce Concerto en la mineur pour quatre clavecins de Bach, lui-même transposé du Concerto en si mineur pour quatre violons de Vivaldi : la transcription d'une transcription. "Le processus de transcription varie selon les œuvres. Dans le cas du Concerto pour quatre clavecins, il y a énormément de polyphonies, il faut choisir ce que l'on veut garder, essayer de conserver un petit peu de chaque voix. Mais choisir c'est renoncer. La manière de jouer permet aussi de créer l'illusion : avoir un jeu très vif dans le cas de Bach donne un côté pétillant et grésillant, qui évoque l'ensemble des quatre clavecins."


Cologne-Bruxelles


De Cologne à Bruxelles, c'est au cours de ses voyages en train que Florian Noack se met à écrire des transcriptions. "Dans le Thalys, j'écrivais laborieusement mes mesures, avec des idées un peu abstraites. Lorsque j'arrivais à la gare de Cologne où j'étudiais, je me jetais sur un piano pour voir si ce que j'avais écrit donnait quelque chose, confie le pianiste. Avec le temps, j'ai appris à transcrire avec le clavier. C'est un travail minutieux et laborieux. Comme il y a à peu près 10 000 manières différentes de transcrire la même chose pour chaque mesure, je mets énormément de temps avant de me décider à noter sur le papier ce que l'on va garder comme version." Aujourd'hui, Florian Noack compose parfois encore près de la gare de Bruxelles où lui est arrivée une mésaventure : "J'avais une transcription dans mes carnets qui aurait dû figurer sur le dernier disque : la Symphonie n°1 de Prokofiev pour piano. Mais il y a eu un petit incident, une histoire belge. Le manuscrit n'était pas encore tout à fait fini et je me suis installé dans un café près de la gare du Midi à Bruxelles, je travaillais encore sur la partition. Lorsque je suis arrivé à mon enregistrement deux jours plus tard, elle avait disparue. Je l'ai retrouvée trois semaines plus tard, entre la banquette et le mur du café. Et voilà comment la transcription s'est retrouvée dans ce disque là !"

 

Transcription ou paraphrase ?


De la transcription à la paraphrase, Florian Noack nous livre quelques éclairages sur cette terminologie : "La paraphrase est ce qu'il y a de plus libre. On y trouve de petits épisodes très brefs de composition, notamment dans l'introduction. La paraphrase est une pièce qui n'existe pas à l'origine. Par exemple, dans l'album I Wanna Be Like You, j'ai pris différentes valses de Strauss, des extraits qui n'ont rien à voir entre eux, et j'en ai fait une nouvelle valse. La transcription est plus proche de l'œuvre originale.

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